dimanche 16 octobre 2011

Ni "yaka", ni résignation : l'action

Certains d’entre-vous en sont sans doute encore à se demander ce que deux militants peuvent bien vouloir changer en mettant en place un blog pour partager leurs attentes, leurs espoirs, leurs idées et leurs projets pour le futur.

A titre personnel, j’aimerais rendre hommage à celui qui m’a convaincu de m’investir de manière plus active en politique, notamment au niveau local, j’ai nommé : Jean-Pierre Marique, Chef de file MR au Conseil communal de la commune wallonne d’Aiseau-Presles, municipalité mixte (à la fois rurale et, pour certaines zones, plus urbaine – de par la présence de certaines zones industrielles) située à la lisière des provinces de Namur et de Hainaut.


La première fois que j’ai rencontré Jean-Pierre Marique, c’était lors d’une distribution de tracts électoraux à Jodoigne, le 1er mai 2010. Nous avons échangé quelques mots et il m’a proposé de reprendre contact une fois la campagne électorale terminée. Jusque-là, je ne l’avais jamais vu que sur des affiches électorales…

Nous nous sommes retrouvés pendant l’été et Jean-Pierre m’a convaincu, au cours d’une mémorable discussion autour d’une brune (une bière : la section manque de moyens ;-) ), que l’on ne pouvait pas prétendre faire de la politique sans s’impliquer dans la vie de sa commune. Depuis lors, j’ai fait la connaissance de personnes d’origines et d’horizons tout à fait différents qui ont enrichi ma vision des choses et fait évoluer certains de mes points de vue sur différents aspects de la vie locale, voire de la vie tout court.

Pour Aiseau-Presles, comme pour beaucoup d’autres communes en Wallonie comme à Bruxelles, les prochaines élections communales constitueront un enjeu de première importance, tant les prochaines années seront cruciales pour les générations futures, notamment en terme de bonne gouvernance et de politiques liées au logement, au développement durable, à l’emploi, à l’embellissement de nos villes et à la préservation de nos monuments, sites et cadres de vie. D’autant plus que, dans bien des cas, la perspective d’alternance sera, plus que jamais, à la fois réaliste et nécessaire.

Après une longue période de monopole du pouvoir, il y a en général deux réactions parmi ceux et celles qui ont soif de changement, de réformes, qui ont envie d’une commune propre, sûre, qui respecte l’environnement, qui offre des services de qualité à la population, qui gère l’argent public, votre argent, notre argent, en bon père de famille et qui encourage l’initiative privée. Une commune où il fait bon vivre, en somme.

Il y d’abord la réaction du « ya ka ». « Ya ka faire ci », « ya ka faire ça ». Et bien non : la politique, c’est comme la vie : compliqué. Il n’y a pas de place pour les « ya ka ».

La résignation, ensuite. « C’est foutu », « Ca ne sert à rien (d’aller voter) », « tous pourris », « toudi les mêmes qui gagnent » (fort accent carolo). Et pourtant…

« Impossible n’est pas français », dit l’adage. De même, il ne faut jamais, me semble-t-il, considérer une situation politique donnée comme définitivement figée. Même si nous ne savons pas encore à quoi ressembleront les lendemains des événements qui ont secoué (et secouent encore – comme le montrent les événements toujours en cours en Libye et en Syrie) le monde arabe, les révolutions qui ont eu lieu en Egypte et en Tunisie montrent combien un élément déclencheur est susceptible de faire trembler une ville, une région, voire tout un pays.

Trois exemples culturellement plus proches de nous me viennent à l’esprit.

En janvier 2007, un jeune Sénateur américain annonce sa candidature à l’élection présidentielle US. Cet homme n’est Sénateur que depuis 2 ans. Ses principaux faits d’armes ? Avoir accordé une interview dans un quotidien de Chicago pour dire qu’il était opposé à la guerre en Irak et avoir fait un discours remarqué lors de l’investiture de John Kerry, alors candidat démocrate à l’élection présidentielle, en août 2004. Cet homme, c’est Barack Obama. Qui est élu, en novembre 2008, président des Etats-Unis, contre un adversaire de qualité en la personne de John Mc Cain, alors que tout le monde prédisait une victoire d’Hillary Clinton.

Printemps 2007…alors qu’Obama se lance dans sa campagne, la France découvre, en couverture de l’hebdomadaire « Marianne », ce titre : « Le vrai Sarkozy ». Le tout accompagné d’une photo où le candidat de la Droite n’est pas vraiment à son avantage et prend plus des airs de vampire que de futur époux de Carla Bruni. Pendant des semaines et des mois, Sarkozy est attaqué de toutes parts, lynché par des journalistes qui le traitent de « fou ». Mais, le 6 mai 2007, c’est lui qui l’emporte sur sa rivale socialiste. Il a su convaincre, susciter l’espoir…même si, depuis lors, malgré quelques réussites (notamment la réforme des retraites ou le service minimum), il en a déçu beaucoup, notamment par un style assez particulier dans l’exercice du pouvoir.

Dernier exemple, mais qui est tout à fait parlant pour ceux qui diraient, non sans raison, que la Belgique (et, plus singulièrement, Bruxelles et la Wallonie) ce n’est ni la France, ni les Etats-Unis.

C’est vrai : la France est un pays dont le cœur penche plutôt à Droite. L’Amérique est un pays dans lequel un quasi-novice, qu’il s’agisse d’une ancienne star de cinéma (tel Ronald Reagan) ou d'un ancien vendeur de cacahuètes (Jimmy Carter), peut devenir Président. Pourtant, à bien y regarder de plus près, le principe selon lequel aucune situation politique n'est jamais définitivement figée est également applicable à notre pays.

Nous sommes au printemps 2007. Année décidément riche en événements. Tout le monde prédit la mise en place d’une coalition « rouge-romaine » unissant socialistes et démocrates-chrétiens (pardon, « humanistes »). L’issue des urnes semble à ce point évidente que les chaînes RTL et VTM croient bon de n’organiser un débat de « premiers ministrables » qu’entre Yves Leterme et Elio Di Rupo.

Au début de cette soirée de juin 2007, les sondages réalisés « à la sortie des urnes » donnent le PS vainqueur en Wallonie et le CD&V vainqueur en Flandre. Comme d’habitude…et pourtant…au fil des heures, les résultats officiels tombent. En pleine nuit, à Presles mais aussi dans bien d’autres endroits de la commune, de Bruxelles et de Wallonie, des hommes et des femmes, de manières parfois très différentes, peinent à contenir leur joie : pour la première fois depuis l’instauration du suffrage universel direct masculin (1919), le PS est détrôné en Wallonie : le MR devient la première force politique d’une région dont certains considéraient qu’elle ne pouvait n’être que socialiste. Nous savons malheureusement qu’une responsable politique a ensuite fait tout ce qu’elle pouvait pour gâcher ce succès historique, laissant par la même occasion passer sous son nez une occasion unique de procéder à une réforme de l’Etat qui nous aurait alors épargné bien des soucis (et quelques centaines de jours sans gouvernement fédéral de plein exercice)…

« Mais ensuite vint 2009 », me direz-vous. Il me semble au contraire que cet épisode vient renforcer ma tentative de démonstration. Les élections régionales de 2009 révélèrent en effet combien la communication, l’explication, le dialogue, le travail de terrain, se révèlent importants en politique. Le PS, donné vaincu pour des raisons évidentes (les fameuses « affaires ») par les sondages, lance ses militants, dans un effort quasiment désespéré, aux quatre coins du pays. Ceux-ci redoublent d’arguments, font du porte à porte, harcèlent ceux et celles qui pourraient encore basculer. Quant à Elio Di Rupo, il lance son fameux « bain de sang social », comme si la Wallonie et Bruxelles n’en vivaient pas déjà un depuis près de 25 ans de pouvoir socialiste à tous les niveaux…

Le résultat tombe quelques jours plus tard : le PS fait plus que limiter la casse et se maintient, contre toute attente (et toute logique), au pouvoir.

Qu’en tirer comme enseignement ? C’est qu’il ne faut jamais hésiter à s’informer, à poser des questions, à partager ses idées, ses convictions, ses sentiments. Prendre le pouls de ses voisins, de son quartier, de sa commune, de ses collègues. Ne jamais hésiter à apprendre, comprendre, expliquer. Parce que ce n’est qu’à force de dialogue et de travail de terrain que nous pourrons convaincre les gens que le changement et l’alternance sont, plus que jamais, nécessaires.

Je pense que si nous voulons changer les choses, il faut investir une partie de notre temps libre. Il faut que, dans chaque commune, des hommes et des femmes, jeunes et moins jeunes, se convainquent qu’ils sont capables de changer les choses, de créer un projet, de le soutenir de toutes leurs forces pour convaincre. Conquérir une commune se fait maison par maison, rue par rue, et, pour ce qui concerne Aiseau-Presles, de Presles à Aiseau et de Roselies à Pont-de-Loup. Cela fait très « martial », bien entendu. Mais il me semble que c’est dans cet esprit de mobilisation que nous devons nous inscrire et nous réunir. Les formations et conférences organisées par les uns et les autres, la participation à l’organisation d’un souper ou d’une des nombreuses activités des sections locales, c’est déjà bien. Mais discuter avec ses voisins, avec ses amis, avec ses connaissances habitant l’entité, répondre à leurs arguments et à leurs critiques, c’est encore mieux. Car c’est le contact humain et citoyen qui contribue à mieux faire connaître les problèmes de notre commune, de notre Région, de notre Communauté ou de notre pays ainsi que les solutions que nous y apportons.

Si ce blog peut apporter une petite pierre à cet immense édifice, il aura rempli son objectif. Car ce n’est qu’ensemble, sans résignation et sans « ya ka », que nous pourrons passer au temps de l’action.

Samy Sidis

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