Quelle place a (pris) le travail
dans nos vies ? Travaillons-nous pour vivre ou vivons-nous pour travailler ?
N’avons-nous pas perdu le sens du mot loisir, le plaisir de se consacrer à des
activités agréables alors que nous courons tout le temps d’un rendez-vous à un
autre ? Questions essentielles et interpellantes s’il en est… A cause d’une
très mauvaise distribution des richesses qui a suivi la révolution industrielle
et ses progrès techniques, s’est en effet mis en place un monde industriel
parfois absurde dominé par le dogme de l’activisme. Car soyons honnêtes, il n’est
pas bien vu de ne rien faire, de flâner, de profiter de la vie. Seul le
rendement compte. Et en outre, l’action entraîne l’action, devenant une vraie drogue
augmentant à son tour le sentiment de culpabilité ressenti face à l’inactivité.
N’avez-vous pas parfois l’impression de passer à côté de quelque chose ? Rassurez-vous,
loin de moi l’idée de vous inciter à ne rien faire du tout ni de rester au lit
toute la journée aux frais de la princesse. Il y a juste que j’ai eu la chance
de voir l’Eloge de l’oisiveté*, d’après
Bertrand Russell et sa thèse du travail partagé, qui m’a rappelé certaines vérités pas toujours belles à voir, sur notre société actuelle qui réserve à peu le droit de jouir de
la vie en imposant par contre à beaucoup le travail pénible, aussi mal réparti
que la richesse.
Je ne vous gâcherai pas le
spectacle en vous révélant qu’il y donne, bien mieux que moi, l’exemple parlant de ce pêcheur
mexicain qui rencontre un businessman américain : l’homme d’affaires
demande à l’homme au sombrero comment il passe ses journées ; ce dernier
lui répond qu’il pêche un peu le matin, rentre déjeuner avec sa femme, fait
ensuite une sieste et joue avec ses enfants, vend ses poissons en quelques
heures puis parfois le soir sort boire une bière avec ses copains. L’américain
s’étonne : « m’enfin, votre poisson est merveilleux, vous pourriez en
vendre dix fois plus ! Vous devriez intensifier la pêche, engager des gens
qui pêchent avec vous et vous imposer sur le marché, ensuite quand votre
société aura grandi vous pourrez la faire coter en bourse et la gérer de loin
depuis New York ». « Et pourquoi je ferais ça ? », lui
répond le mexicain. « Comme ça vous accumulerez plein d’argent, vous
pourrez commencer à déléguer et prendre le temps de déjeuner avec votre femme,
de faire une sieste et de jouer avec vos enfants et même de sortir boire une
bière le soir avec vos copains… ». Vous avez dit absurde ? Notre ami
mexicain vit certainement mieux en prenant le temps de faire sa sieste et de jouer
au soleil avec ses enfants qu’en restant enfermé dans un bureau avec un compte en
banque qui explose…
Toute la question est là :
le temps. Ce one-man show s’applique également à nous rappeler, s’il en est
encore besoin, qu’on aurait sans doute tout à gagner à se poser de temps en
temps, à respirer et aérer son cerveau et son corps, à s’épanouir. Pour être
zen, heureux, satisfait, augmenter sa créativité et sa productivité. Un employé
heureux et détendu travaille mieux que celui qui est stressé, ça coule de
source, sauf qu’on leur donne rarement l’ambiance relax nécessaire. Mais par
chance, certaines entreprises l’ont compris. Pour preuve, cette société de
communication en Italie, Network Comunicazione, où il n’y a pas d’horaire fixe
mais au contraire une énorme flexibilité. Où on travaille à son rythme et on télétravaille quand on veut. Où on peut travailler toute la nuit sur un dossier et
dormir le lendemain matin ou encore ne pas bosser un matin parce que les
enfants sont malades et récupérer dans la soirée ou le weekend. Où ce qui
compte ce n’est pas le nombre d’heures passées en face de son ordinateur mais
que le travail soit fait, bien fait, en temps et heure. Où la responsabilité
individuelle est mise en avant. Avec pour résultat, une ambiance de travail
apaisante, stimulante et sécurisante mais aussi moins de stress et des
résultats financiers enviables.
Le rêve ? Oui, mais ne
postulez pas tous en même temps quand même. Courez plutôt voir le très drôle Dominique
Rongvaux* tant qu’il est encore temps et arrêtez-vous un instant. Réfléchissez
comme moi au sens de la vie. Prenez de bonnes résolutions, c’est encore le bon
mois. Et puis repartez dans le tourbillon de la vie… mais avec un peu plus de
conscience qu’il y a moyen de descendre du train de temps en temps J
et l’espoir qu’un jour la société comprenne l’importance du rythme personnel et
de la détente dans la vie et dans le travail.
« Il y a deux
sortes de travail : le premier consiste à déplacer une certaine quantité
de matière se trouvant à la surface de la terre ou dans le sol ; le second, à
dire à quelqu'un d’autre de le faire. »
(B. Russell)
(B. Russell)
Représentations à Bruxelles : le 5 février à 16h00 au Centre Culturel d'Uccle,
le 27 avril à 20h30 au Centre
Culturel de Berchem ou voir d’autres dates ici : www.dominiquerongvaux.com
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