mercredi 11 janvier 2012

Revue de l'année 2011 vue du Québec


Avec cette année qui se termine, nous atteignons la fameuse année mystique de 2012. Une année mystique puisque le calendrier maya annonce la fin du monde ou, en tout cas, d’une époque. La fin d’un cycle pour les astrologues, dans la mesure où cette année marquera l’entrée dans l’ère du Verseau (bon, d'accord, il y a plusieurs versions…). Peu importe, plusieurs croyances populaires convergent vers cette idée de changement qui arriverait en 2012. Sans compter que nous devrions bientôt vivre un renversement des pôles climatiques, une tueuse planétaire (astéroïde) et une ère glaciaire, statistiquement parlant.

Au-delà de ces croyances, l’année 2012 marquera fort probablement un certain renouveau. En 2011, le « printemps arabe » et le mouvement des Indignés (« Occupons « X » ») a montré la capacité mobilisatrice des réseaux sociaux. Les élections (parfois avec guillemets) qui auront lieu aux États-Unis, en France, en Russie, en Chine et au Venezuela cette année seront une occasion de voir comment les élites et la population utiliseront ces moyens qui deviennent de plus en plus incontournables.

En ce mois de janvier, plusieurs d'entre-nous apprendront à savoir où se situe le détroit d’Ormuz. Le passage de la nouvelle année sous tensions entre l’Iran et les États-Unis feront certainement de ce haut lieu stratégique pour le transport pétrolier un sujet récurrent de nos analystes de la scène internationale et de nos économistes.

Le rôle de vulgarisateur de ces derniers sera à n’en point douter très sollicité. Les crises grecque, italienne, espagnole et autres mauvais payeurs de la zone euro seront d’actualité durant ces premiers mois de 2012. Nul ne songera a fêter le dixième anniversaire de la monnaie unique sous des auspices défavorables.

À cela s’ajoute les crises reliées à la dette souveraine dont la plupart des pays occidentaux souffrent. Je me permettrai un petit commentaire destiné aux politiciens en herbe que l’on a connu au cours des soixante dernières années : le keynésianisme, ou la social-démocratie, est la stimulation de la demande par l’État en période de crise. Je crois qu’une grande partie de nos élites ont oublié la dernière partie de la définition lorsque l’économie redevenait croissante. Ainsi, Keynes, à l'origine de cette théorie, pensait aussi que l’État devait rembourser sa dette lorsque le pays renouait avec la prospérité économique. Aujourd’hui, nous payons tous le prix de ces politiques menées à des fins électorales.

Ainsi, les formules pour sortir de la crise économique furent l’objet d'âpres discussion lors de la négociation du volet socioéconomique de l'actuel gouvernement belge, au sein duquel les libéraux ont progressivement remplacé la N-VA. Pour le meilleur ou pour le pire, son ostracisation – nécessaire – fut un gage de succès pour la formation du gouvernement. Cependant, les tensions entre les membres de la coalition resteront palpables tout au long de l'année nouvelle, et ce malgré l’accord de gouvernement. Si la crise perdure au cours des douze prochains mois, ce qui est probable, les partis politiques devront montrer, surtout en cette période pré-électorale, comment ils peuvent réussir à conserver minimalement le statu quo en ce qui concerne la croissance économique et le bien-être de la classe moyenne.

L’année 2012 montrera aussi dans votre plat pays quel sera l’impact de la stratégie menée par la N-VA depuis les dernières élections fédérales. En effet, les élections régionales et communales, bien qu’elles ne soient pas du même ordre, seront un test permettant d'évaluer la stratégie adoptée par Bart de Wever. À mon humble avis, la Nieuw Vlaamse Alliantie réussira son tour de force en augmentant ses postes électifs au sein de la démocratie flamande. Et cette dernière appellation sera de moins en moins abusive en cas de réussite…

Sans être irréversible (rien ne l’est complètement tant que le fait n’est pas accompli), une victoire de la N-VA lors des élections de 2012 constituerait une approbation de l’approche weverienne (si vous me permettez l’expression) lors des négociations en vue de la formation d’un gouvernement fédéral. Cela donnerait un message fort aux ténors du fédéralisme belge : la population flamande se doterait de nationalistes à tendance séparatiste à tous les niveaux où elle est représentée. La N-VA pourrait alors se présenter comme la voix que la Flandre veut se donner et ainsi légitimer son discours de dislocation de la Belgique. Sans être défaitiste, ce serait un moment-clé vers la fin du Royaume, pour autant que cela arrive.

De l’autre côté de la frontière linguistique, la séparation des Fédéralistes Démocrates Francophones et du Mouvement Réformateur consommée au cours de l'année 2011 était devenue quelque chose de plus en plus inéluctable et prévisible. L’évolution des négociations fédérales était un facteur qui laissait présager un tel dénouement. En effet, alors que le MR devenait un acteur des négociations, prenant ainsi position sur certaines questions (dont la scission de BHV) le FDF ne pouvait approuver cette dernière sans perdre sa légitimité auprès de son électorat. La ligne de parti ne pouvait plus suffire à maintenir les forces en place car c’était une question de crédibilité, une question d’honneur.

Finalement, pour conclure cette rétrospective, nous noterons le changement de président du MR. L’élection de Charles Michel (ou l’éviction de Didier Reynders) à la tête du Mouvement Réformateur a marqué un réajustement de la ligne de parti, ne serait-ce qu’en apparence. Après l'affirmation assumée d'un positionnement à Droite de la part de Reynders, Michel semble ne pas emprunter la voie de ce positionnement idéologique avec autant de netteté. Stratégie électorale centriste? Je ne crois pas qu’il reste un vide à ce niveau pour permettre un énième partie francophone qui se revendiquerai au centre de l’échiquier politique. L’affirmation pleine et entière d’une Droite en Wallonie, sur le long terme, permettrait à ce parti de s'assurer une assise constante. Le changement de ligne directrice à chaque alternance à la tête du parti engendre un flou peu apprécié par l’électeur. Bien qu’historiquement ancrés en Belgique, les libéraux francophones doivent lutter contre une force électorale bien organisée, cohérente (du moins en apparence) et qui a davantage la confiance des citoyens. Ils ne peuvent donc pas se permettre des déchirements constants quant à la ligne à adopter.

2012 risque d’être riche en rebondissement, au niveau local et international, chez vous comme chez moi. J'espère de tout coeur que tous les vœux de bonne année que nous avons reçu se concrétiseront. Mais pour cela, il faudra aussi y travailler !

Bonne année !

Eric Berthiaume

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