mercredi 21 décembre 2011

La grève : droit fondamental ou prise d'otage ?

Vous êtes sans doute au courant (ça vaudrait mieux pour vous en tout cas...) : les organisations syndicales nous ont (encore) réservé une petite grève générale de la fonction publique de derrière les fagots à la veille du week-end de Noël...

Ce n'est bien évidemment pas le droit de grève en lui-même qui me pose problème. Celui-ci est un droit fondamental qui doit être préservé.

Ce qui me pose problème, c'est la véritable prise d'otages qui en résulte.

"La liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres" dit l'adage. Or, la paralysie des transports en commun (notamment les chemins de fer) qui s'annonce va pénaliser leurs usagers.

Le droit de grève, tel qu'il est exercé aujourd'hui par ces machines de guerre que sont les organisations syndicales (notamment la CSC et la FGTB) dont j'ai déjà évoqué les dérives il y a quelques semaines sur ce blog à l'occasion du scandale "Arco", porte atteinte aux droits d'autres citoyens, notamment les plus faibles (les couches défavorisées que les partis politiques dans l'orbite desquels gravitent les syndicats - PS et CDH - prétendent défendre...comprenne qui pourra)

La liberté individuelle de la personne désirant se déplacer et ne disposant pas d'un moyen de locomotion, son droit à disposer d'un service public de qualité (auquel s'applique le principe de continuité) financé par...ses impôts, voire son droit au travail (remis en cause lorsque des "piquets" de grève - parfois extérieurs à l'entreprise frappée par une grève - s'opposent à ce que des travailleurs non-grévistes puissent exercer leur profession) sont pourtant annihilé par le caractère absolu des grèves qui tendent à se multiplier ces derniers mois.

Une situation assez difficile à expliquer à des étrangers. Ainsi, une connaissance d'origine espagnole effectuant actuellement un séjour Erasmus dans le plat pays qui est le nôtre a eu beaucoup de mal à admettre qu'un service minimum (qui existe dans plusieurs pays européens - dont le sien) ne soit même pas organisé à l'occasion de mouvements de grève d'une telle ampleur.

De même, à l'heure où on nous explique que l'avenir de la planète passe notamment par une limitation de la pollution et, partant, à un recours plus systématique aux transports en commun, on ne peut pas dire que ce type de mouvement soit réellement bénéfique à la lutte contre le réchauffement climatique...

Les syndicats sont nécessaires dans une société démocratique. Et ils ont assurément contribué à améliorer la qualité de vie de nombreux travailleurs, notamment durant la première moitié du XXème siècle.

Mais soyons clairs : au-delà de la forme (qui constitue à mon sens une véritable prise d'otages des usagers des services publics - notamment les transports), c'est le fond du discours syndical, teinté de conservatismes d'un autre âge et d'une hostilité systématique à toute réforme, qui pose problème. Cette attitude met en danger notre système de sécurité sociale, façonné à l'époque de l'âge d'or des Trente Glorieuses et menacé d'implosion si nous ne menons pas les réformes nécessaires à son maintien. Ce n'est pas avec une attitude aussi rétrograde que l'on protégera les travailleurs de notre pays.

Il y a beaucoup à dire sur les organisations syndicales, leur puissance politique et financière, leur influence sur tous les leviers socio-politiques de notre pays ainsi que les nombreux privilèges dont ils jouissent et qui finissent par donner d'eux l'image d'une caste d'intouchables. Lobbys les plus puissants de notre pays, il s'avère plus que temps d'oser poser le débat de l'étendue de ce pouvoir au sein d'instances pouvant se targuer d'une légitimité démocratique qui leur fait cruellement défaut.

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