mercredi 14 décembre 2011

Vu du Québec : L’Angleterre et le Canada : réalisme politique et relations internationales


Quelle belle activité que de rédiger un premier jet de cet article un samedi soir en écoutant la série Napoléon avec Christian Clavier. Cela me permet de me relaxer en rejoignant ce que Platon nommait le monde des Idées. J’ai en effet troqué mes jeux vidéo pour la plume ces derniers temps.. 

En quête d’un sujet, je me rappelle soudainement toute la joie médiatique du énième sommet d’urgence de la zone euro, du couple "Mercozy" qui s’officialise dans la perception journalistique, du psychodrame puis de la déclaration qui termine le sommet. Sur le même pied que la conférence climatique de Durban, le sommet de Bruxelles nous offre un spectacle aux bulletins d’information.

De plus, l’Angleterre décide de faire la manchette en refusant les accords concernant la zone euro. Il est inutile de rappeler l’euro-scepticisme des îles britanniques. Autre fait cocasse, c’est aussi un autre pays anglo-saxon qui retient l’attention en Afrique du Sud : le Canada. Dans une pure démarche utilitariste, prétextant que si les plus grands pollueurs n’agissent pas, pourquoi devrait-il agir, le Canada se retire du Protocole de Kyoto.

On peut toujours s’amuser à faire un parallèle entre les raisons évoquées, bien que ce soit sur des sujets différents. Deux gouvernements aux couleurs du conservatisme anglais, un seul et même type de raisonnement : l’intérêt national.

En fait, c’est essentiellement un secret de polichinelle que l’intérêt national prime encore au sein de l’Union européenne et surtout sur la scène internationale. Il va sans dire qu’en tant que représentant d’une population, les gouvernements, incarnation supposé de la volonté populaire, défendront d’abord les intérêts de cette dernière, dans l’idéal tout au moins. Dans le cas du Canada, les raisons implicites de ce revirement est l’exploitation à grande échelle des sables bitumineux en Alberta, ce qui n’était pas le cas en 1997 lors de la signature du Protocole. Les intérêts économiques ont primé et le discours officiel offre alors un argument bidon aux dignitaires internationaux.

En ce qui concerne l’Angleterre, son histoire avec l’Europe est sûrement garante de sa décision présente. A l'exception de l'épisode travailliste, où une certaine ouverture semblait apparaître, les gouvernements anglais ne s’intéressent à l’Union que dans les domaines qui servent les intérêts de Londres. Très utilitariste, l’approche britannique est le reflet typique de cette pensée qui a été formulée en son sein. Qu’il n’en déplaise au continent, l’Angleterre a décidé de faire bande à part concernant la zone monétaire.

Me rappelant de mes cours sur l’Union donnés par Paul Magnette, entre autres, avant qu’il ne soit nommé ministre, l’entrée de l’Angleterre aurait permis de neutraliser ce qu’on appelle le couple franco-allemand en rajoutant un joueur d’importance. D’un point de vue diplomatique, cela aurait peut-être servi les petits pays de l’UE qui auraient ainsi vu se dissiper l’ascendant des grands pays continentaux en noyant davantage leurs intérêts dans l’ensemble européen.

Pourtant, aujourd’hui, l’Angleterre remarque que son économie est très intégrée au continent européen, subissant tous les désavantages de la zone euro tout en ayant aucun de ses avantages. La mondialisation fait aussi en sorte que les économiques nord-américaines ont également leur regard rivé sur votre zone monétaire car nous redoutons une récession dont la pointe se fait déjà ressentir. Au-delà des sermons envoyés par le ministre des Finances canadien et le Président des États-Unis, c’est leur propre économie qu’ils tentent de défendre et non pas votre projet. Tout comme les entrepreneurs québécois le demandaient avant le référendum de 1995 : "décidez-vous, c’est l’instabilité qui ruine l’économie. Nous nous organiserons lorsque la décision sera prise". De la même façon, la zone monétaire européenne doit se décider : soit l’Europe devient, soit elle retourne à ses Etats-membres. Mais le statu quo n’est plus possible...

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