vendredi 2 décembre 2011

Un coucou de Toscane


Il y a maintenant un peu plus de huit ans qu’en compagnie de mon épouse nous sommes installés en Toscane.  Nous y exploitons un « agriturismo », c’est-à-dire qu’en plus de la production de vin et d’huile d’olive nous louons des appartements pour les vacances.

Je suis très heureux de pouvoir écrire ces « vu de Toscane » car au-delà de notre remarquable intégration parmi les habitants de notre village (Murlo province de Sienne) je reste profondément belge, nourri aux speculoos, au chocolat côte d’or et aux crevettes grises,…

Avant de continuer, je souhaiterais préciser quelques éléments.  La région toscane, y inclus l’île d’Elbe, représente 23.000 km2 pour 30.500 km2 à la Belgique.  Il y a 3.550.000 habitants pour 11.791.000 habitants en Belgique.  La région Toscane est divisée en 10 provinces dont celle de Sienne.  Ces précisions sont utiles car souvent nous entendons dire « Je connais la Toscane » alors qu’il ne s’agit que de Florence, Pise, Sienne et San-Gimignano.  De la même manière mon « vu de Toscane » est ambitieux.  « Vu de Sienne » le serait presque tout autant, Sienne, c’est la grande ville (54.550 ha), alors que je réside dans un village de 2.500 âmes situé à 20 minutes en voiture.
Ceci étant dit pour être correct.  Ce que je raconterai est exact, au moins pour l’avoir vécu, mais ne peut-être généralisé à toute l’Italie.

1.Sienne, L’heureuse province aux 43 musées.

Vous pouvez être amateur d’antiquités, de gastronomie, d’art sacré, de nature, d’ethnologie ou de curiosités, il y a certainement un musée à votre goût.  C’est « normal » pour une région comme la Toscane. Ce qui est beaucoup plus surprenant, c’est le dynamisme de ces musées. La fondation des musées siennois s’efforce d’animer toutes ses richesses pour que la visite, celle que vous relégueriez aux cas de mauvais temps, s’inscrive naturellement dans le cadre de votre séjour, enfants compris. Pour moi, l’avantage principal est la taille du musée, loin de vous procurer une surdose de chef d’œuvre. Ensuite vous vous trouvez à l’écart des incontournables et de leurs files d’attente. Ce qui vous offre une découverte à votre rythme. Ces heureux musées, ouverts toute l’année, bénéficient d’un programme de développement, de conférences et d’activités liées, comme une ballade cyclotouristique, une exposition ou une fête locale. Bref, ces musées sont vivants.

Tout ceci semble racoleur ou digne d’un dépliant touristique, cependant…

Les débats concernant l’identité, la citoyenneté, l’immigration,… sont d’actualité. Une petite ballade au musée vous en apprendra beaucoup.

2.Les courageux voyageurs en train.

Lorsque je me rends en train à Florence, je retourne au XXème siècle. La gare la plus proche, Monteroni d’Arbia, se trouve à 8 km. De là, la distance à parcourir est de 114 km (85 km par la route). Le train, une micheline au diesel (j’ai failli écrire : "à vapeur"), circule sur une voie unique sur la plus grande partie du trajet.  La flotte est en cours de modernisation mais, souvent, vous emprunterez une micheline construite en 1984 !

Le départ a lieu à 8 heures 28 pour une arrivée à 10 heures 10, soit  1 heure 42 minutes. Au retour, il faut changer à Sienne. Le train quitte Florence à 12 heures 10 et l’arrivée à Monteroni à 14 heures 22, soit 2 heures 22 minutes…Quand tout va bien...

Les retards sont en effet fréquents, tout comme les arrêts impromptus (le dernier en date ayant eu lieu suite à la panne de la barrière d’un passage à niveau) et les grèves. Les trains suspendus ne surprennent plus personne. Cette situation a contraint la FS (sncb italienne) à rembourser, en partie, les abonnés, du moins ceux s’étant informés par leurs propres moyens des démarches à accomplir. Récemment, le maire de Sienne a voulu prendre cet itinéraire afin de constater cette situation. On lui a fourni une micheline restaurée mais, rien à faire, son train est arrivé en retard.

En attendant, je continue à prendre le train.  J’ai le temps de lire, c’est plus économique et écolo et je ne dois pas chercher de parking à Florence.

3. L’huile d’olive de Toscane : Un chef d’œuvre

L’élaboration de cette huile est séculaire.  Les olives sont cueillies à la main : vous peignez l’arbre et elles tombent dans un filet. Le filet est ramassé et les olives stockées dans des caisses perforées. Dans un délai ne pouvant dépasser 3 jours, il faut les déposer au pressoir. Presque chaque commune dispose d’un pressoir. Il ne s’agit pas d’une coopérative mais d’établissements certifiés. Premièrement les olives sont pesées, lavées et broyées.  Ensuite, l’huile est « nettoyée ». Votre huile est alors prête.

Ce qui est important, il s’agit d’une première pression à froid, c’est que la température ne dépasse jamais les 30° C.  La couleur est vert olive et elle est trouble.  Ce n’est que par après qu’elle se clarifie par décantation et que la robe tourne au jaune. L’huile n’est jamais filtrée. Elle développe des arômes d’herbes fraîches, d’artichaut ou encore un goût poivré et citronné. Un olivier produit de 0 à 50 kg selon les années. 100 kg d’olives donnent en moyenne 15 kg d’huile.

Versez quelques gouttes de cette huile sur un morceau de pain grillé éventuellement frotté d’ail, fermez les yeux et dégustez, vous verrez apparaître d’autres chefs d’œuvre toscans !

Thierry

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